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Hervé Marouby, institut technique du porc « Le commerce mondial du porc se joue sur les pièces et non sur les carcasses »

Dans l'attente de l'évolution des négociations Omc (organisation mondiale du commerce), Hervé Marouby de l’Itp(institut technique du porc) apporte quelques éclairages sur la libération des échanges et l’influence qu’elle peut avoir sur les marchés de la viande porcine en Europe et sur les coûts de production.

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« Le commerce mondial du porc se joue sur les pièces et non sur les carcasses » explique Hervé Marouby (© Web-agri)
«On peut dire que la concurrence s’accroît  », présente Hervé Marouby. « Si l’union européenne est le premier exportateur de viande de porc, sa suprématie tend à être contestée, par Alena (accord de libre échange nord-américain) et le Brésil. En situation de libéralisation de marché, le coûts de production prennent de plus en plus d’importance ».
Les changements attendus à l’Omc seront décisifs. Des modifications notables sont déjà enregistrées dans le commerce du porc, comme la fin des restitutions. L’inconnu reste le montant de l’abaissement des droits de douane. Il aura des conséquences pour la France et l’Union européenne.

Le commerce mondial du porc se joue sur les pièces et non sur les carcasses

Des conséquences sur le prix et la production

Une ouverture de l’Europe aux importations aura pour conséquences une modification d’équilibre présente Hervé Marouby,  « avec des effets sur le prix du porc  mais on peut aussi imaginer des effets sur la production européenne. Elle peut en être affectée ». Et souligne le spécialiste, « Tout déplacement du prix d’équilibre du marché par rapport au coût de production exclut une partie des élevages »

« Les gains de productivité et la maîtrise des coûts à tous les niveaux restent donc plus que jamais de mise », note Hervé Marouby. Ainsi, les experts céréaliers ont aussi des craintes vis-à-vis de l’Omc. De fortes incertitudes pèsent quand aux diminutions des droits de douane, restitutions… auxquelles s’ajoutent des pressions à la baisse par la production céréalière des nouveaux états membres. « L’hypothèse généralement citée est une baisse du prix des céréales de 10% à l’échéance 2013 (en conservant les interventions) ce qui implique une baisse de 4 à 8% du prix de l’aliment ». Elle ne serait cependant pas suffisante pour être compétitif par rapport au Brésil. D’autres possibilités sont à envisager par la filière. Hervé Marouby cite quelques solutions à envisager : défendre le marché européen par des protections commerciales, défendre la valorisation du porc, ..mais aussi négocier point à point à l’Omc, imposer des clauses de sauvegarde, maintenir la garde sanitaire…

« Le commerce mondial du porc se joue sur les pièces et non sur les carcasses » explique Hervé Marouby. Ainsi, sur le marché américain si la longe et la poitrine sont bien valorisées, il n’en est pas de même pour le jambon et l’épaule, qui sont bons marchés.
Le régime du Gatt compense actuellement le différentiel de prix France-Usa pour l’épaule. Mais, « dans le cas d’une diminution de 60% du droit de douane, ce différentiel n’est plus compensé », explique Hervé Marouby. Un évènement de nature à favoriser l’entrée de ces pièces. « Le marché du jambon est tout aussi mal protégé », souligne le spécialiste de l’Itp.

Des transformateurs ouverts aux importations

Des résultats encore amplifiés avec l’exemple du Brésil (surtout pour la longe et le jambon). Sans protection tarifaire, différents facteurs peuvent accentuer l’importation de certaines pièces. Le consommateur, d’une part, attentif au prix le plus bas, qui s’oriente vers une consommation à l’extérieur et de produits élaborés. Des transformateurs d’autre part, ouverts aux importations, ils disposent de processus qui leur permettent d’utiliser toutes les viandes. A la recherche de la maîtrise des coûts, ils exercent une pression sur le prix d’achat.

Les fournisseurs des pays tiers capables de fournir le standard demandé

Hervé Marouby souligne également que « les fournisseurs des pays tiers sont capables de s’adapter et de fournir le standard demandé. Ils disposent déjà d’une qualité moyenne proche (% gras, maigre) ». De plus, précise le spécialiste de l’Itp, les entreprises nationales, multinationales des Usa, Canada ou Brésil on déjà montré leur savoir faire commercial et logistique.

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